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1. Plusieurs types de maïs pour sécurise 1. Plusieurs types de maïs pour sécuriser mes ventes

Olivier Ménara a modifié son assolement pour répartir les risques et sa stratégie de vente s'avère payante.

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« Je produis trois types de maïs, ce qui me permet de répartir les risques de production et de commercialisation, indique Olivier Ménara, installé depuis 2004 dans le Lot-et-Garonne. L'exploitation de 430 ha se situe à Bouglon, avec 116 ha de terres limonoargileuses dédiées au maïs grain (90 ha en 2012) et au blé tendre (26 ha en 2012), et à Boussès, avec 314 ha de terres de sable noir scindés en trois îlots dédiés au maïs doux (200 ha en 2012), au maïs popcorn (74 ha en 2012) et aux fruits et légumes (40 ha). Olivier compte sur l'appui d'un salarié et de son père, même si ce dernier réduit progressivement son implication dans l'exploitation.

La totalité de la surface est irrigable grâce à l'emploi de sept pivots, trois rampes et deux enrouleurs, le tout piloté par des sondes capacitives et des tensiomètres. L'exploitation fait partie des sites de référence pour l'élaboration des bulletins d'irrigation de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne. Jusqu'à présent, les restrictions d'irrigation n'ont pas pénalisé le potentiel de production des maïs. « Pendant trente ans, sur le site de Bouglon, nous étions en monoculture de maïs, explique Olivier, parce que c'est la culture la mieux adaptée au contexte de l'exploitation et aussi la plus rentable. Depuis deux ans, nous avons intégré le blé tendre pour mieux répartir les travaux, restructurer le sol et casser le cycle des adventices. Cultiver trois types de maïs participe également à cet objectif. Et le calendrier de travail s'étale sur deux mois au lieu d'un. »

RÉFÉRENCE EURONEXT

« Je suis les évolutions du marché sur internet, je reçois des lettres d'information et je consulte le point marché hebdomadaire de l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs). Régulièrement dans la journée, je consulte les cours sur Euronext avec mon smartphone. Lorsque je veux vendre, j'appelle mon collecteur qui appuie sa proposition de prix sur le cours du marché au moment de l'appel moins une base (correspondant aux coûts de transport et à la marge de l'organisme stockeur). Nous pratiquons ce type de vente depuis trois ans. Cette façon de commercialiser permet d'être réactif et apporte une lisibilité à la transaction. Je me situe entre l'agriculteur qui fait du prix moyen et celui qui ouvre un compte sur le marché à terme, étape supplémentaire que je ne souhaite pas franchir pour le moment. J'estime que c'est un autre métier qui nécessite un suivi constant de l'évolution de ses positions, avec les incidences sur la trésorerie que cela comporte (appels de marges, dépôt de garantie). Mon sentiment sur l'évolution du marché est plutôt optimiste tout en restant modéré : on se souvient tous du retournement de marché en 2009. »

FRACTIONNEMENT

En maïs grain, les ventes se font au cours du jour indexé sur le marché à terme. « Je ne vends pas en prix moyen, je préfère rester maître de ma commercialisation. La prise de risque fait partie du métier d'agriculteur, si je me trompe, j'assume », annonce Olivier Ménara. A ce jour, 750 t sur 1 085 t produites en 2012 ont été commercialisées en sept contrats. Les ventes ont débuté le 5 juillet à 210 €/t net. « C'est la première fois que je vends du maïs avant récolte, souligne l'agriculteur, et la stratégie s'est révélée bénéfique. Certains vendent avant le semis mais il ne faut pas trop s'engager car un accident sur la culture peut survenir. »

Cette année, par exemple, les maïs ont démarré avec trois semaines de retard en raison de la forte pluviométrie du mois d'avril, le potentiel de rendement habituellement proche de 140 q/ha est descendu à 123 q/ha. La moyenne des ventes se porte actuellement à 231,50 €/t (- 15 €/t de séchage = 216,50 €/t) et couvre les coûts de production d'Olivier.

Son exploitation fait partie des dix-sept fermes du département qui participent à l'observatoire des coûts de production mis en place par l'AGPM. « Il y a de grosses disparités sur certains postes de charges, cela donne une indication sur les améliorations à apporter au sein de chaque exploitation », souligne Olivier. Ce dernier n'a pas commencé à engager sa récolte 2013. Il estime que la visibilité sur la prochaine campagne n'est pas suffisante.

Le maïs pop-corn est commercialisé par Nataïs, leader européen du pop-corn micro-ondable. Les ventes de la récolte 2012 se basent sur les cotations Euronext janvier 2013. Elles doivent être terminées le 15 décembre 2012 au plus tard. « Les rendements du maïs pop-corn sont beaucoup plus faibles que ceux du maïs grain, indique le producteur. Cette année, ils étaient de 74 q/ha, contre 123 q/ha en grain. » Pour compenser cet écart, la référence prix du marché à terme est multipliée par un coefficient de 1,8. Une prime pop-corn de 50 €/t et une prime qualité de l'ordre de 15 €/t (de 0 à 30 €/t) sont ajoutées. Il faut tenir compte des frais de séchage, qui s'élèvent à 15 €/t (maïs récolté à 21 % d'humidité maximum).

Comme pour le maïs grain, Olivier préfère fractionner ses ventes. « J'ai retenu les enseignements de 2009, lorsque nous avons vendu toute la récolte en une seule fois en fin de campagne alors que les prix étaient au plus bas. » Sur la récolte 2012, les ventes sont terminées. Elles ont été réalisées en six fois entre 206,25 €/t et 257,50 €/t. Le prix final obtenu avec coefficient et prime s'élève à 460 €/t.

Pour le maïs doux, l'agriculteur travaille avec deux conserveries (Uniproledi et Aquitaine Légumes Surgelés). Le maïs doux est récolté humide (entre 70 et 76 % d'humidité). « En 2012, les rendements affichent entre 210 et 230 q/ha selon les variétés. C'est une bonne année, sans être exceptionnelle. » Les prix sont basés sur les prix N-1 du maïs grain. Ceux proposés par les industriels s'échelonnent de 124 à 127 €/t. Cette année, le maïs doux est pénalisé par rapport au maïs grain mais, l'année prochaine, un rééquilibrage de l'ordre de 20 €/t est à espérer. « L'avantage de ce type de production sous contrat est de connaître le prix avant de semer, explique Olivier Ménara, ce qui facilite l'élaboration d'un prévisionnel d'investissement et permet le maintien d'un certain équilibre en cas de forte baisse des productions basées sur les cours mondiaux. Et c'est aussi un maïs qui nécessite moins d'eau étant donné son cycle végétatif court. »

Les terres sableuses de Boussès sont particulièrement adaptées au maïs doux. Au départ, il était cultivé sur l'ensemble du site mais, il y a deux ans, les contrats ont diminué. « Nous ne voulions plus mettre tous nos oeufs dans le même panier, ajoute l'agriculteur, nous nous sommes ainsi orientés vers le maïs pop-corn. »

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